Quelques considérations naturelles
Comme l'exprime si joliment cette perle d'un lycéen : "L'appareil reproducteur, comme son nom l'indique, sert avant tout à se reproduire". Ce n'est d'ailleurs une perle que parce que c'est écrit par un humain, et lu par un autre humain. Car il faut bien admettre ce fait: les animaux comme les végétaux ont un appareil reproducteur afin de se reproduire, fonction qui permet la survie de l'espèce.
L'autre fait est que l'ensemble des organes qui le constitue fonctionne harmonieusement grâce à une communication nerveuse et hormonale très fine entre de nombreux participants. Ainsi la finalité "procréation" peut-elle être réalisée, nonobstant, au passage, quelques autres nécessités: des signaux extérieurs (ou stimuli) vers certains secteurs du cerveau + des messages nerveux vers d'autres secteurs du cerveau + des hormones vers les organes reproducteurs + leurs hormones. La boucle assurant le fonctionnement est complexe par le nombre d'intervenants et les doses avec lesquelles ils communiquent. Le résultat est l'adoption de comportements reproducteurs (recherche et reconnaissance du partenaire), qui traduit la maturation des cellules reproductrices. Il y a alors acceptation de l'accouplement par la femelle. Chez la majorité des espèces, cet éveil de la boucle est notamment dépendant de facteurs externes saisonniers: cela donne lieu à la ou aux périodes de rut propres à l'espèce. Ces périodes traduisent la mise en activité de tous les organes participant à la reproduction.
Ainsi, chez le chat, nos fêtes de fin d'année correspondent à une période de relatif repos sexuel, février étant "le mois des chats", ce que nous rappellent certaines nocturnes fort sonores... Après un éventuel espacement de leurs chaleurs, les minettes reprennent leurs cycles selon le rythme propre à chacune. Là, la vie aux côtés des humains a quelque peu perturbé le rythme naturel: il n'est pas rare que certaines présentent des chaleurs très fréquentes. Si la pause est moins manifeste chez les mâles (voire inexistante en élevage), il y a bien aussi une période de moindre recherche de partenaire. Ainsi existe t'il une notable différence entre le Chat et l'Homme: ce dernier (les Chimpanzés Bonobo aussi) adopte et pratique des comportements reproducteurs hors de la finalité reproductive. Ce que l'on traduit joliment par la formule: il y a dissociation entre le comportement sexuel et l'activité hormonale. Il semble donc que certains Primates dont nous sommes ont bénéficié d'une innovation évolutive sur laquelle nous n'avons pas de jugement de valeur à produire. Au plus peut-on tenter de l'expliquer en suggérant que d'autres parties du cerveau, génératrices de sérénité, béatitude, plaisir (choisissez ce qui vous... fait plaisir !) se sont trouvées dotées d'une place plus importante dans la boucle complexe de régulation (et je ne me lancerai absolument pas dans une discussion cause-conséquence et poids de l'une ou l'autre).
On doit seulement accepter le fait que ce qui est un particularisme de certains Primates n'existe pas chez le chat, entre autre. Lequel reste donc entièrement soumis à ses hormones et leur signal. Et si un certain calme les affecte en période creuse, les manifestations comportementales de base ou exacerbées aux périodes cruciales de rut sont les suivantes:
- Marquage territorial par griffage de support verticaux.
- Marquage territorial et sexuel par une sécrétion trèèèès odorante (sans jugement de valeur sur l'odeur). Ce n'est pas de l'urine mais une sécrétion grasse pulvérisée à la verticale (minou lève la queue qui frémit et vlan !). A noter que des femelles peuvent aussi marquer ainsi, sinon, elle peuvent uriner "normalement" de modestes volumes sur toute surface horizontale leur convenant. L'odeur est moins prégnante mais les autres résultats sont identiques.
- Chants d'appel du partenaire. Leur intensité varie selon les individus, du modeste maaaaraaoouuu au hurlement. Leur production tend à s'intensifier la nuit, du fait que les chats sont en partie des nocturnes.
- Relationnel plus distendu avec les humains. C'est un peu comme un humain amoureux, il tend à ne plus s'occuper du reste du monde.
- Et quelques broutilles moins gênantes voire amusantes: minette se traînant en position de lordose et se roulant par terre.
Enfin, il y a aujourd'hui suffisamment d'études qui valident les risques très augmentés de contamination des chats entiers et libres par les virus FeLV et FIV. Ceci est en étroite relation avec deux composantes absolues du comportement reproducteur, les bagarres et l'accouplement qui facilitent la contamination. Rappelons qu'il n'existe pas de traitements pour guérir ces infections: la mort est inéluctable. S'il existe bien un vaccin contre le FeLV, il n'empêche absolument pas l'animal d'être infecté et son efficacité n'est pas de 100% en terme de protection.
Mon choix est fait !
... Entre un choix "éthologique" appuyé sur le désir de laisser l'animal vivre pleinement tous les aspects de sa vie, et un choix "raisonné" de vouloir continuer à vivre avec des chats mais pas chez des chats.
Si un humain est sensé être capable de sublimer sa libido en faisant appel à certaines ressources... humaines (eau froide etc...), les minous restent parfaitement insensibles à toutes remarques, consignes et autres interventions destinées à leur faire comprendre que ce n'est pas le moment ou jamais le moment.
L'éthologie, c'est bien quand c'est vrai, et à mon avis, c'est vrai "dehors", pas dans un logement humain. Alors les bonnes petites odeurs, les meubles, murs et literies souillés de pipis, non ! Soit un chat reste entier parce qu'il va pouvoir/devoir assurer une partie de sa vie sexuelle, soit il bénéficie de la sérénité que lui accorde une castration la plus précoce possible.
La liberté pour un chat de vivre sa vie sexuelle à l'extérieur est synonyme d'un maximum de dangers. Ceci explique blessures, contaminations, mort prématurée qui sont autant de conséquences qui régulent durement l'espérance vie des chats libres. Ceci me semble totalement antinomique avec le désir de partager tendresse voire amour avec un compagnon félin (comme canin d'ailleurs).
Quant à laisser soumis à leurs hormones des chats vivants dans un lieu confiné où ils ne rencontreront jamais ce partenaire qu'ils recherchent, je n'en vois l'intérêt ni pour le chat perturbé ni pour l'homme (hormis se satisfaire d'anthropomorphisme).
Alors laissons entiers les chats choisis pour la reproduction. Et laissons aux éleveurs les contraintes au quotidien qu'ils doivent assumer afin que soit préservée une certaine qualité de vie des chats de reproduction, souvent au détriment de certains aspects de leur qualité de vie d'humains. Et cessons de coller à nos minous des concepts strictement humains: je ne pense pas qu'un chat attribue une valeur exceptionnelle à ses attributs sexuels.
Pour qu'ils vivent heureux, faites les vivre neutrés !
Le mot d'Elisabeth
J'ai longtemps été opposée d'emblée à la stérilisation précoce, qui me paraissait nuire au développement normal des chats, et notamment des mâles, en empêchant l'apparition des signes de dimorphisme sexuel secondaires, comme les joues.
Ma réflexion sur cette question a commencé suite à des déconvenues que nombre d'entre nous ont dû rencontrer puisqu'il est impossible de restreindre le droit de propriété des nouvelles familles de nos chatons soit par contrat, soit par mention "chat non destiné à la reproduction" sur le pedigree et d'être totalement certain du sérieux des dites nouvelles familles et de leur sens des responsabilités quant à leur Coon.
De guerre lasse, j'ai recherché de la documentation vétérinaire sur le net et ai donc lu un certain nombre d'articles qui m'ont convaincue non seulement de l'innocuité de la stérilisation précoce, mais encore du bien-fondé de celle-ci.
D'après ce que j'ai lu, la stérilisation précoce ne freine pas le développement des chats, bien au contraire : les chats atteignent le plein potentiel de gabarit inscrit dans leurs gènes, puisque l'apparition des hormones sexuelles n'inhibe pas cette croissance. En outre, les manifestations d'agressivité, de marquage, la tendance à la fugue n'existent pas chez le chat stérilisé tôt. De plus, et j'ai pu le constater, les chatons récupèrent très vite de l'opération, ce qui n'est pas toujours le cas pour les adultes ou presque-adultes.
Après discussion avec mon vétérinaire, pour qui la petite taille des chatons n'est pas un problème, puisqu'il stérilise aussi furets et cochons d'Inde, j'ai commencé en 2006 à faire stériliser mes petits au moment du rappel de vaccin coryza, typhus et leucose. La puce est en outre posée à ce moment, donc sous anesthésie.
A ce jour, je n'ai eu aucun problème, bien au contraire : mes chatons récupèrent très vite et les nouveaux propriétaires sont finalement satisfaits d'être déchargés du souci de la stérilisation, des risques d'oubli et de la question financière qui y sont liés.